Roberte Mathieu |
Anastasie
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Édition papier :
Livre numérique :
Roberte Mathieu · Sibylle Roche |
Entrevues et confidencesRomanFruit de la rencontre entre une jeune journaliste et une auteure de littérature érotique, cette histoire aux multiples facettes explore, d’intrigues en rebondissements, la réalisation de soi à travers la passion amoureuse.
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À propos d’AnastasieRoberte Mathieu, nous sommes dans votre région du Sud de la France pour parler de votre livre Anastasie ou les paraphilies optionnelles, une fantaisie érotique en trois actes. Vous avez, pour cet entretien, posé une condition particulière. Voulez-vous l’expliquer à nos lecteurs ? Volontiers Sibylle, et j’ai apprécié que vous vous y prêtiez avec autant de grâce. Je vous ai donné rendez-vous sur cette plage naturiste car c’est le cadre dans lequel sont nés mes personnages. Voyez autour de vous l’étendue de cette nature minérale. En cette saison, nous sommes presque seules, comme je l’étais moi-même lors des longues marches où se sont dessinés les motifs de mes récits. Anastasie m’est apparue ici-même, elle m’a accompagnée, m’a invitée dans son monde et m’a raconté sa vie intime. Je conçois qu’on puisse voir cette modalité d’entrevue comme un caprice ou une provocation mais pour parler franc, il m’a semblé également avantageux de se mettre à nu. La formule n’est pas imagée puisque nous sommes entièrement dévêtues. Vous ressemblez à l’image que je m’étais faite de votre héroïne Julie ; vous êtes très attirante. Vous êtes ravissante aussi, avec vos longs cheveux blonds qui cachent à peine une gracieuse poitrine. Ne déduisez pas du compliment que je cherche à vous séduire ; c’est simplement que votre jeune beauté m’honore. Je suis flattée. Roberte, vous êtes née à Gênes puis avez vécu à Cologne, n’est-ce-pas ? Oui, cela reflète mes origines. Mes parents se sont rencontrés en Italie. Ils ont fait ensuite un crochet par l’Allemagne, le pays de ma mère, avant de s’installer définitivement en France. J’avais alors dix ans et mon insertion à l’école a été facilitée par le fait que je lisais souvent en français, la première langue de mon père. On retrouve certains éléments biographiques dans vos personnages. Les protagonistes de mes histoires font partie de moi. Il faut qu’ils me ressemblent sous certains aspects pour que je puisse dialoguer avec eux. Qu’ils soient plus ou moins confortables à assumer, je les comprends et je les aime. Heureusement pour ma santé mentale, je n’ai pas jusqu’ici eu affaire à l’odieux. Vous avez fait des études de psychologie avant de devenir kinésithérapeute. Les corps vous attirent-t-ils plus que les esprits ? Je crois surtout que l’esprit est encouragé quand le corps se redresse. Disons que c’est ma façon d’aborder les soins. Que sont les « paraphilies optionnelles » de votre titre ? Des perversions ou non ? Les caractères décrits, bien que possédant chacun une touchante singularité, ont en commun un instinct puissant associé à une force, une liberté d’esprit qui les poussent à des aventures osées. Comprenez que si leurs expériences sexo-érotiques sortent de la norme, elles ne sont pas des troubles. |
InterviewNi préférées, ni exclusives, elles auront comme effet de diversifier leurs activités sans pour autant les conduire à des fixations. Ce déroulement n’était pourtant pas une intention, je n’aurais pu le prédire. J’étais moi-même ouverte à tout lorsque mes personnages se cherchaient, pris d’incertitude parfois. Quelle est votre part de vécu dans ces aventures ? Vous vous doutez qu’il y a beaucoup de moi dans ce que j’écris. Sans avoir tout expérimenté, je me plais à imaginer tout ce qui m’excite. L’émotion est le moteur de ma création, elle guide ma main. Dans le cas d’une fantaisie érotique, si la lectrice ou le lecteur a un plaisir sexuel, c’est que j’ai su communiquer avec l’inexprimable. Pardon si je vous pose la question mais vous êtes-vous masturbée en me lisant ? Ne l’écrivez pas si cela vous gêne ! Au contraire, je ne me suis pas ennuyée une seconde tant l’écriture est dense. Par ailleurs, l’ensemble suit un plan formel avec plusieurs récits encadrés. Pouvez-vous nous en parler ? C’est une variation autour du triangle. Le rapport entre deux amis, Serge et Julie, sert de fil rouge alors qu’ils se content mutuellement leurs fantasmes érotiques. Le premier acte, dit par Serge, aborde à travers trois personnages la sexualité enfantine jusqu’au début de l’âge adulte. La parole est donnée à Julie dans le second acte avec une relation trioliste entre un couple et son nouvel amant. Les récits se recoupent pour le troisième acte dont l’objet est l’évolution de la relation entre Julie et Serge racontée à la troisième personne. Et chaque fois que le personnage d’un récit se confie lui-même, on atteint un troisième niveau d’enchâssement. Il y a parfois une dimension troublante dans la façon dont les rôles interfèrent entre eux. Les couches narratives ne sont pas étanches. Par exemple, Julie rejoue avec Serge une scène de sa propre fable quand elle se fait baiser par un inconnu dans les fourrés. S’en rendant compte, elle se demande si elle n’est pas elle-même un personnage de roman. Ceci n’est pas une mise en abyme gratuite mais une préparation à la dimension surnaturelle à laquelle elle sera confrontée et qu’il lui faudra déchiffrer. Voulez-vous bien nous donner une des clefs du mystère ? Il y a une angoisse à exercer sa propre liberté car la symbolique qu’elle exprime s’oppose à autrui. L’enjeu ultime est alors d’échapper à la mort. Mes héros ont l’intuition que le conflit entre les libertés de chacun peut être désamorcé en acceptant d’être la chose du partenaire, y être soumis, autant que de désirer l’inverse, c’est-à-dire le dominer. Mais c’est par la confiance que les amants sauront mériter et s’accorder mutuellement qu’ils parviendront à l’enchantement de la découverte de soi et de l’autre. Une belle et troublante conclusion par cette douce fin d’après-midi. La mer est si calme… on va se baigner ? Avec grand plaisir, venez ! |